Présentation des archives et des fonds inventoriés
Archives de la Propagande
La Congrégation «de Propaganda Fide» longtemps appelée en français tout simplement la Propagande a été créée en 1622 par le pape Grégoire XV. Elle était chargée de coordonner toutes les activités missionnaires de l’Église catholique et de centraliser les informations provenant des régions et des pays où de telles activités existaient. Dès le début, l’Amérique du Nord fut placée sous sa juridiction. Elle le restera jusqu’en 1908, année où les États-Unis, le Canada et Terre-Neuve cessèrent d’être considérés comme pays de mission si ce n’est dans le cas de certains de leurs territoires où se poursuivait le travail d’évangélisation des Premières Nations. Inutile de souligner en ce qui concerne le Canada et Terre-Neuve l’importance des Archives de la Propagande pour la période en question. Si les documents sont plutôt rares pour les années 1675-1760, c’est-à-dire durant la période allant de la création du diocèse de Québec à la Conquête, ils sont fort abondants avant et après ces dates. Les inventaires de Luca Codignola font état de 2441 documents pour les années 1622-1799 et de 1946 pour les seules années 1800-1830. Leur nombre ne cessera de grandir par la suite, comme en témoignent les inventaires correspondant aux pontificats d’un Grégoire XVI (1831-1846), d’un Pie IX (1846-1878) et d’un Léon XIII (1878-1903). À noter que depuis 1967, la Congrégation de la Propagande a changé de nom et qu’elle s’appelle désormais Congrégation de l’Évangélisation des Peuples. Logées au départ au Vatican, puis dans le palais de la Chancellerie, les archives de la Congrégation furent installées à partir de 1649 place d’Espagne dans le palais qui venait d’y être construit à l’intention de ladite Congrégation. Transportées en France en 1810 sur ordre de Napoléon Bonaparte, elles retourneront place d’Espagne en 1814, mais non sans avoir subi à l’aller et au retour un certain nombre de pertes. Ces mêmes archives sont depuis 2002 installées dans de nouveaux locaux aménagés expressément pour elles sur le Janicule, près de l’Université Urbaniana rattachée à la Congrégation de l’Évangélisation des Peuples. Elles constituent encore aujourd’hui, du moins quantitativement parlant, la plus importante source de renseignements existant à Rome sur l’Église catholique canadienne pour les XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.
Archives secrètes du Vatican
Les Archives secrètes du Vatican (Archivio Segreto Vaticano) telles qu’elles se présentent aujourd’hui datent du début de XVIIe siècle, suite à une décision du pape Paul V (1605-1621) de créer un dépôt central d’archives regroupant les documents anciens datant du Moyen Âge, puis surtout des pièces des XVe et XVIe siècles. Vinrent s’ajouter aux XVIIe et XVIIIe siècles des documents provenant d’Avignon où les papes avaient résidé de 1308 à 1377, les papiers d’Adrien VI conservés jusque-là à Liège de même que les archives du Château Saint-Ange où avaient été conservés des documents d’une particulière importance politique et administrative, pour la plupart du XVIe siècle. À l’instar des Archives de la Propagande, les Archives secrètes subirent des pertes significatives lors de leur transfert en France sur ordre de Napoléon et de nouveau lors de leur retour à Rome. À partir de la Restauration, elles s’enrichirent de nombreux fonds anciens et nouveaux de diverses provenances. En 1881, Léon XIII (1878-1903) décida d’ouvrir l’ensemble de cette documentation aux chercheurs.
Cette documentation, déjà considérable, n’a cessé depuis d’augmenter et continue de le faire grâce à l’arrivée constante de séries provenant des diverses Congrégations ou dicastères romains, d’organismes de toutes sortes liés d’une façon ou d’une autre au Saint- Siège, voire de familles et d’individus choisissant de confier leurs papiers à ce grand et prestigieux centre d’archives. Jusqu’à il y a quelques années, les chercheurs n’avaient accès qu’aux documents d’avant 1922. Cette limite a maintenant été étendue jusqu’en 1939, c’est-à-dire jusqu’à la fin du règne de Pie XI et on annonce l’ouverture prochaine des fonds d’archives correspondant au pontificat de Pie XII (1939-1958). Inutile de dire de quelle importance sont les Archives secrètes du Vatican pour toutes les périodes de l’histoire de l’Église catholique au Canada, mais en particulier pour les XIXe et XXe siècles.
Parmi les nombreux fonds que l’on trouve dans ces Archives, méritent une attention toute spéciale ceux de la Congrégation consistoriale chargée de la nomination des évêques et ceux de la Secrétairerie d’État, dans ce dernier cas, surtout pour la période récente, les séries de la Délégation Apostolique au Canada. Mais ne sont pas, d’autre part, à négliger les anciens fonds de la Congrégation des rites ayant trait en particulier aux causes de béatification et de canonisation de personnages nés au Canada ou y ayant œuvré à partir de XVIIe siècle.
Archives hors des Archives secrètes du Vatican et des Archives de la Propagande
1) Congrégation pour la Doctrine de la Foi
La Congrégation pour la Doctrine de la Foi a hérité, pour l’essentiel, des fonctions de la Congrégation de l’Inquisition créée par Paul III en 1542 et réformée par Sixte V en 1588. En 1908, Pie X rendit officiel le nom de la Congrégation du Saint-Office depuis longtemps utilisé. Neuf ans plus tard, Benoît XV abolit la Congrégation de l’Index en existence depuis 1571 et en transféra les responsabilités au Saint-Office. Enfin, en 1967, Paul VI donna à l’ancienne Congrégation de l’Inquisition son nom actuel. Les Archives de la Congrégation de la Doctrine de la Foi contiennent deux fonds d’intérêt pour les chercheurs canadiens, soit celui du Saint-Office (1542-1907) et celui de l’ancienne Congrégation de l’Index (1571-1917).
La compétence du Saint-Office s’étendait, d’une part, au contrôle de l’hérésie, de l’autre, à des matières touchant à la morale. Son activité s’apparentait depuis le départ à celle d’un tribunal. Pour tout problème qui lui était soumis, il ouvrait normalement un procès, procès qui générait une plus ou moins abondante documentation éventuellement réunie dans des dossiers qui, une fois le procès terminé, étaient versés dans les archives de la Congrégation. Ces dernières ont subi de lourdes pertes lors de leur transport à Paris au temps de Napoléon, de sorte que plusieurs des dossiers en question ont disparu ou sont aujourd’hui conservés ailleurs.
Le rôle de la Congrégation de l’Index se limitait, lui, plutôt au contrôle de l’impression des livres, à la compilation de listes de livres interdits, à la correction de passages jugés non orthodoxes de livres à paraître ou déjà existants, enfin à l’autorisation de lire des livres condamnés. Contrairement à la plupart des autres archives vaticanes, celles de la Congrégation de l’Index ont subi très peu de pertes.
2) Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires
Cette Congrégation a été fondée en 1814 en vue d’aider la Secrétairerie d’État à traiter de matières de nature surtout «publique» présentant des difficultés particulières. Elle dépendait directement du pape et du Cardinal secrétaire d’État. C’est d’ailleurs ce dernier qui décidait des dossiers devant être confiés à ladite Congrégation. Plusieurs causes intéressant le Canada aboutirent à cette Congrégation quoique les matières en causes dépendaient au premier chef de la Congrégation de la Propagande. En 1908, les fonctionnaires des Affaires ecclésiastiques extraordinaires furent intégrés au personnel de la Secrétairerie d’État. Mais en 1967, sous le nom de Conseil pour les Affaires publiques de l’Église, la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires redevint un organisme distinct de la Secrétairerie d’État. Nouveau virage en 1988 avec la réintégration de ce Conseil à la Secrétairerie d’État. En ce qui concerne le Canada, on y trouve des documents de grand intérêt pour les périodes correspondant aux pontificats de Léon XIII, Pie X et Benoît XV. Les documents disponibles pour consultation se trouvent aux Archives secrètes du Vatican.
3) Archives du Vicariat de Rome
Ces archives sont celles du diocèse de Rome. Elles sont de peu d’intérêt en ce qui concerne le Canada si ce n’est qu’elles contiennent une importante documentation relative aux reliques qui partaient de Rome pour le Canada et qui souvent avaient besoin d’être authentifiées. Or c’était là une prérogative du vice-gérant (vice gerens) du diocèse de Rome. Une abondante correspondance de ce dernier avec diverses autorités ecclésiastiques ou religieuses canadiennes en quête de reliques et surtout de reliques authentiques se trouve dans les archives en question.
4) Archives d’État de Rome (Archivio di Stato di Roma)
Créées en 1871, ces archives étaient destinées à recueillir les documents administratifs des anciens États pontificaux de même que ceux des notaires, de l’Université, des corporations religieuses et des confréries de Rome pour la période précédant 1870. D’autres fonds viendront s’ajouter par la suite provenant, entre autres, de vieilles familles romaines ou encore de personnages du Risorgimento. Des documents intéressant le Canada se trouvent dans la série Archivio Paesi stranieri de même que dans les séries Miscellanea rapporti politici et Archivio Segreto della Direzione Generale di Polizia. Dans la Bibliothèque des Archives est conservé le journal (Diario) d’Alessandro Gavazzi, ancien barnabite devenu évangélique et garibaldien qui voyagea au Canada et aux États-Unis au XIXe siècle.
5) Bibliothèque de la Faculté vaudoise de théologie
À première vue cette bibliothèque ne semble pas de nature à intéresser le Canada, mais elle possède un fonds de manuscrits consacré aux Églises évangéliques, dont les papiers d’Alessandro Gavazzi, qui traitent de divers sujets liés à l’histoire religieuse et politique canadienne.
6) Bibliothèque du Vatican (Biblioteca Apostolica Vaticana)
Cette célèbre bibliothèque établie en 1475 par le pape Sixte IV s’est enrichie avec le temps d’autres collections de manuscrits et d’imprimés. La section des manuscrits comprend à elle seule plus d’une trentaine de fonds réunissant quelque 60 000 unités archivistiques. On y trouve, outre des textes d’intérêt littéraire, artistique, scientifique, politique et philosophique, une abondante documentation historique au sens propre du terme. En ce qui concerne le Canada, les fonds présentant le plus d’intérêt pour ce qui est des XVIe – XVIIIe siècles sont les suivants : Barberiniani Latini, Urbinati Latini, Ottoboniani Latini, Reginense Latino, Borgiani Latini et Vaticani Latini. Pour la période plus récente, c’est-à-dire les XIXe et XXe siècles, moins riche en documents concernant le Canada, on peut tout de même consulter avec profit, de nouveau, le fonds Vaticani Latini, mais aussi les fonds Moroni, Toniolo et Villari.
La section des imprimés comprend de nombreux ouvrages portant sur le Canada, pour la plupart offerts par leurs auteurs ou des ecclésiastiques ou laïcs canadiens tenant à faire connaître leur point de vue ou fournir au Saint-Siège des renseignements sur la situation religieuse.