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Une professeure de l’USP participe à la mise sur pied d’une politique alimentaire intégrée pour le Canada

Dans un numéro spécial de la Revue canadienne des études sur l’alimentation (en anglais), la sociologue Amanda Wilson copublie une lettre adressée aux intervenants du domaine des politiques alimentaires. L’objectif ? Solliciter l’expertise de différents spécialistes en vue de refondre le système alimentaire canadien et de s’attaquer aux disparités économiques. À l’approche de la période des fêtes, riche en rituels culinaires, Mme Wilson nous rappelle qu’encore beaucoup de Canadiens et de Canadiennes n’ont pas, hélas, de place à table.

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Professeure adjointe à l’École d’innovation sociale Élisabeth-Bruyère, Amanda Wilson est aussi une spécialiste de l’alimentation, une championne des nouvelles tendances alimentaires et une ancienne exploitante agricole. Ayant travaillé pendant plus d’un an à ce numéro spécial avec deux confrères des universités Carleton et Lakehead, elle se dit fière de pouvoir contribuer, par ses observations, à l’élaboration d’une politique alimentaire intégrée qui, espère-t-on, permettra de mettre davantage d’aliments sains sur les tables partout au pays, tout en protégeant l’environnement. « Ce projet était une occasion incroyable de produire des changements, et je suis ravie de m’y associer », confie-t-elle.

 

La Pre Amanda Wilson

Uniformiser la législation

Pourquoi une politique intégrée ? N’en déplaise aux véganes locavores mordus de produits équitables, l’ensemble des comportements individuels dits « responsables » ne suffira pas à corriger les failles profondes du système alimentaire canadien. Sur ce point, la chercheuse est catégorique : « Faire ses emplettes au marché bio du coin, c’est bien, mais il faudra plus que cela. Pour corriger les inégalités, nous devons revoir nos comportements et modifier nos lois. Les politiques en place ont souvent des effets isolés et de courte durée. Il faut cesser de travailler en silo et de voir à court terme. »

Admettre nos torts

Mais de quelles inégalités parle-t-on au juste ? La réponse en surprendra plus d’un. « Au Canada, dénonce Mme Wilson, le colonialisme se manifeste encore de bien des manières dans la chaîne d’approvisionnement. Les milliers de travailleurs migrants qui cueillent nos légumes, par exemple, ne bénéficient pas des mêmes droits et protections que nous. »

Cette dynamique coloniale touche aussi ceux et celles qui occupaient ce territoire bien avant nous. Mme Wilson explique : « Le système canadien de subventions alimentaires aux communautés autochtones du Grand Nord est totalement inefficace et détruit les systèmes de production traditionnels. En tant que colonisateurs (et j’en suis), nous avons forcé ces dernières à délaisser la chasse sur leurs propres terres et à payer 26 $ pour un litre de jus d’orange. C’est un terrible gâchis, et nous devons le reconnaître. Au Nunavut, le taux d’insécurité alimentaire chez les enfants est de 60 %. C’est absolument inacceptable. »

Relever les inégalités

L’insécurité alimentaire touche aussi une proportion élevée de personnes vulnérables aux quatre coins du pays. « Selon les plus récentes statistiques, affirme Mme Wilson, il s’agirait d’un ménage sur huit dans l’ensemble du Canada et d’un ménage sur 12 à Ottawa. Chez les personnes immigrantes, ces taux sont encore plus élevés. Les régimes d’aide sociale en place sont insuffisants. L’insécurité du revenu, qui touche quant à elle un nombre important de petits exploitants agricoles, constitue une autre répercussion de nos politiques alimentaires déficientes. »

Revenir à la base

Tout problème complexe appelle une solution complexe, et ce qui relève de la production, de la distribution et de la consommation d’aliments n’y échappe pas. « Notre système alimentaire, explique la chercheuse, constitue une occasion de nous concerter pour transformer notre société. Et le processus est déjà enclenché. Nous devons appuyer cette mouvance au moyen de politiques alimentaires fondées sur des consultations. » Au rang des intervenants concernés figurent non seulement la communauté scientifique, les législateurs et la société civile, mais aussi, et surtout, les Premiers Peuples. « La gestion durable du territoire est un enjeu fondamental lorsque l’on parle de production alimentaire en contexte de bouleversements climatiques, rappelle Amanda Wilson, et pour réussir, nous devrons absolument tirer parti de leur sagesse en cette matière. »

Remarque : Cet article a été rédigé en collaboration avec Richard Viger, étudiant de première année à la maîtrise en éthique publique et étudiant ambassadeur.



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