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Portrait de diplômée — Laura Bradley : ouvrir son cœur

7 janvier 2019 - Au premier regard, Laura Bradley semble réservée, voire effacée. Pourtant, il suffit d’un échange avec elle pour découvrir une trentenaire engagée, dotée d’une grande maturité. Sous ses airs de fille comme les autres, Laura cache une volonté de fer… et de faire. Tout, et « à 150 % », insiste-t-elle. Pour souligner la nouvelle année, nous vous présentons cette diplômée de l’USP devenue récemment le visage de la réception.

Défaillance

Ce désir d’accomplissement, Laura le cultive depuis toujours. Inscrite dès la tendre enfance à une pléthore d’activités artistiques et sportives, elle a très tôt la piqûre de la réussite. Première de classe, athlète et danseuse douée, elle s’apprête à monter sur les planches avec sa troupe de ballet jazz lorsque son cœur défaille, littéralement. Elle n’a que 13 ans. Nous sommes en 2001. À son réveil à l’Institut de cardiologie, le diagnostic tombe : elle aura besoin d’un nouveau cœur. Sa réaction laisse bouche bée.

Humiliation

« Je me suis sentie coupable, raconte-t-elle. Je m’en voulais de causer du souci à mes parents et de gâcher les fêtes. Mon grand père, de qui j’étais devenue très proche, est décédé quelques jours après mon hospitalisation, et je me suis demandé s’il avait succombé au choc. » Craignant d’afficher ce qu’elle considère comme une faiblesse, l’adolescente refuse que l’on révèle sa « condition » à ses camarades. « J’avais honte, explique-t-elle. C’est pour cette raison qu’il n’existe aucune photo de moi datant de cette période. »

Persévérance

Obstinée, l’adolescente ne baisse pas les bras. « Je me suis entraînée sur un vélo stationnaire deux fois par jour, tous les jours, branchée à un cœur artificiel. J’ai réussi à améliorer ma condition physique même en étant maintenue en vie par une machine ! », ironise Laura. Au bout de cinq mois, on lui trouve un cœur compatible, et la greffe est réalisée avec succès. « Mon enfance très active n’est pas sans lien avec la réussite du traitement », estime-t-elle. Depuis maintenant plus de 17 ans, elle profite de son nouveau cœur. Mais d’autres difficultés attendent la jeune femme.

Trop de personnes greffées troquent une maladie pour une condition. Il faut cesser de les voir comme ayant une « condition ».

Rejet

Si le corps de Laura s’accommode très bien de son nouveau cœur, sa tête, elle, accepte moins bien la « condition » de greffée, qu’elle porte comme une tare. « Pendant des années, j’ai craint la réaction des gens et rejeté leur attention. J’avais horreur que l’on me questionne sur mon "état". Au travail comme au studio de danse, j’ai fait l’objet de discrimination en raison de mon "état" de santé, ce que j’ai vécu comme un traumatisme. Je voulais continuer de me dépasser et de mener ma vie comme si de rien n’était. »

Laura n’a pas cherché à obtenir de soutien psychologique pendant cette période, mais admet qu’en escamotant « le deuil de son cœur », elle ne faisait que remettre à plus tard une étape inéluctable de sa guérison.

Laura Bradley aux Jeux canadiens des greffés de 2018

Errance

Lorsqu’elle entreprend ses études dans une grande université en septembre 2008, Laura ne tarde pas à sombrer émotionnellement. « Je me sentais coincée dans la mauvaise vie », admet-elle. Après avoir erré un temps sur un immense campus qui ne lui convient pas, elle est contrainte de revoir son parcours. « J’avais toujours excellé dans des milieux à échelle humaine, depuis le primaire jusqu’au cégep. L’USP m’est donc apparue comme une évidence. Et la vie m’a donné raison. »

Ouverture

Pour Laura comme pour tant d’autres étudiants avant elle, l’Université Saint-Paul est devenue bien plus qu’un milieu d’apprentissage. « J’ai été contrainte de lutter contre ma timidité et de m’ouvrir aux autres comme jamais auparavant, avoue-t-elle. Avant de m’inscrire à Saint-Paul, je me représentais souvent dans une cage. En venant étudier ici, j’ai commencé à me voir quitter cette cage. » En dépit des soubresauts de son système immunitaire, Laura persévère dans ses études et, progressivement, accepte de raconter son vécu.

 

Laura Bradley aux Jeux canadiens des greffés de 2018

Sagesse

Au terme de ses études, en juin 2018, Laura est recrutée comme agente de communications à l’Atelier d’innovation sociale Mauril-Bélanger. Quelques mois plus tard, la très timide candidate décroche le poste permanent d’adjointe scolaire et de réceptionniste. « Aider les autres me procure un énorme sentiment d’accomplissement, insiste-t-elle. Pour moi, ce qui compte avant tout, ce sont les gens. Et ma santé ! » À trente ans, elle a peut-être déjà appris la leçon de vie la plus importante qui soit :

Souvent, nous, les femmes, pensons que nous ne pouvons pas faire certaines choses, que nous n’en avons pas la force. C’est complètement faux.
Et à celles qui, comme moi, redoutent les nouvelles expériences, je dirais ceci : je vous mets au défi d’essayer.

Dépassement

Toujours aussi active, Laura carbure à l’intensité. « En ce moment, je suis à fond dans l’aquaforme. Auparavant, je faisais beaucoup de musculation. En 2015, j’ai obtenu mon brevet d’enseignement du yoga. En 2017, pendant une année, j’ai retenu les services d’une entraîneuse personnelle. » En juillet dernier, Laura a participé pour la première fois aux Jeux canadiens des greffés, qui avaient lieu à Vancouver. « J’ai adoré mon expérience et j’aimerais un jour participer aux mondiaux », nous confie-t-elle.

Comme si travailler à temps plein et s’entraîner avec assiduité n’était pas assez, Laura anime occasionnellement des groupes de soutien pour personnes greffées à l’Institut de cardiologie et planche sur un livre qu’elle espère publier un jour. Si vous cherchiez un modèle inspirant sur qui modeler vos bonnes résolutions du Nouvel An, passez donc voir Laura Bradley. De toute évidence, cette ancienne de l’USP n’a pas fini de nous étonner !



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