Portrait de diplômé – Justin McKenna : se tenir debout
Le vendredi 15 juin avait lieu la collation des grades. Si plusieurs parcours d’exception ont été soulignés, un finissant a particulièrement ému l’auditoire. C’est en effet devant une foule exaltée composée d’amis, de professeurs, d’employés de soutien et de proches que Justin McKenna, étudiant en théologie devenu paraplégique aux suites d’un accident, s’est levé de son fauteuil roulant pour aller chercher son diplôme. Découvrez un battant qui, grâce à son courage, a fait un pied de nez aux statistiques médicales. |
Un tour du destin
Lorsqu’il a frôlé la mort en 2007 après s’être fait heurter par une voiture, Justin était un ado comme les autres, rempli d’espoir et plein de promesses. Un jour, alors qu’il rentre de l’école, il reçoit un appel de son patron, propriétaire d’une ferme avoisinante. C’est l’heure de traire les vaches. Il quitte aussitôt le domicile familial sur son VTT. C’est l’impact. Son destin chavire. Son corps est brisé et son cerveau, gravement atteint. On estime ses chances de survie à 3 p. 100. Contre toute attente, Justin s’accroche.
Huit ans plus tard, au terme d’une longue et difficile réadaptation, le jeune homme originaire de Russell, en Ontario, entreprend une croisade improbable à l’Université Saint-Paul : étudier la théologie.
Souffrance et résilience Connaissance de longue date de Justin, le père John Whyte a épaulé de près la famille McKenna. Il a aussi joué un rôle crucial dans le parcours universitaire du jeune homme, dont il a été l’accompagnateur, le copiste et le tuteur au cours des cinq dernières années. « Ça n’a pas été toujours facile », raconte-t-il. « Justin a beaucoup cheminé pour trouver un sens à son accident et réconcilier sa souffrance et sa soif d’espérance. Sa réflexion et sa foi ont beaucoup nourri son travail scolaire. » Bien que ce retour en classe ait été ardu, il s’est aussi avéré thérapeutique. « En étant contraint de mémoriser de la matière et d’être attentif en cours », explique le père John, Justin a retrouvé une bonne partie de sa mémoire et, ce faisant, son assurance. » Mais pour l’étudiant, fréquenter Saint-Paul a eu bien d’autres bienfaits. « Cette expérience m’a rendu plus fort, à la fois mentalement et physiquement », indique t il. Ce qui lui manquera le plus ? Les gens. « Tout le monde à l’USP est formidable. C’est hyperfacile d’engager la conversation avec quelqu’un. » |
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Jouer les entremetteurs Cette ouverture saint-paulienne, Justin l’incarne lui-même profondément. « Il a toujours été très sociable », insiste le père John. « Quand il vous serre la main et qu’il vous demande votre nom, c’est qu’il veut vraiment vous connaître. Depuis son accident, il a acquis cette remarquable capacité d’approcher absolument tout le monde. Et les gens trouvent son authenticité rafraîchissante. » Si le père John est d’un naturel plutôt réservé, il n’aurait pas pu trouver meilleur entremetteur que Justin ! « Ma mémoire ne fournit pas tant il multiplie les rencontres ! » |
Apprendre de l’Autre
Justin n’a pas été le seul à élargir son savoir au cours des dernières années. « J’ai beaucoup appris de lui », avoue le père John. Ce qu’il admire le plus de son ami ? « Son courage face à l’adversité, son amour des gens et son excellent sens de l’humour, qui lui permet de remettre tout, mais absolument tout, en perspective. » De quoi se remettre en question quand on a envie de maugréer pour un rien.
Le prochain pas Maintenant qu’il est diplômé et qu’il a relevé son pari de recevoir son diplôme debout, un rêve qu’il caressait depuis son premier jour de classe, il y a cinq ans, Justin regarde vers l’avant et se fixe déjà d’autres objectifs. « J’aimerais me marier et avoir une famille », nous confie t il. Un projet d’autobiographie se dessine aussi à l’horizon… Le père John risque d’être occupé ! |
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