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L'importance de l’éthique hospitalière pendant une pandémie

Pour atténuer l’impact de la COVID-19, les hôpitaux réagissent en prenant diverses mesures, notamment en révisant, en peaufinant ou en modifiant leurs politiques et protocoles. On discute d’enjeux précis comme la restriction de l’accès des visiteurs, la répartition des ressources limitées et la protection des personnes les plus vulnérables contre les préjudices.

Ces changements et ces discussions se font en consultation avec des spécialistes, avec les dirigeants des hôpitaux et, cela vous surprendra peut-être, des éthiciens.

Hazel Markwell, titulaire de la chaire de bioéthique à la Faculté de théologie de l’Université Saint-Paul et conseillère en théologie, en éthique et en politiques auprès de l’Alliance catholique canadienne de la santé, fait partie des personnes qui conseillent les groupes de planification et les hôpitaux sur la prise de décisions éthiques durant la pandémie.

« Si la situation clinique a exigé des changements importants dans la façon dont nous réagissons au virus et dans les stratégies d’atténuation que nous mettons en œuvre, la pandémie ne change pas et ne devrait pas changer nos principes éthiques, explique Mme Markwell. En fait, ceux-ci sont plus que jamais nécessaires pendant cette crise. »

Lors de l’épidémie de SRAS en 2003, Mme Markwell travaillait comme éthicienne clinique à Toronto. Après cette expérience, elle a cosigné des rapports examinant les problèmes éthiques uniques qui s’étaient posés dans les hôpitaux lors de la réponse au SRAS.

Ces rapports proposaient des orientations éthiques en cas de futures éclosions de maladies infectieuses. Aujourd’hui, ces orientations font l’objet de discussions en lien avec la COVID-19.

Principes éthiques concernant les professionnels de la santé et les protocoles

Les pratiques et les politiques éthiques font partie intégrante des soins de santé, une profession qui a un impact direct sur la santé et le bien-être des personnes. Parmi ces pratiques, la plus importante est la mission de soigner – l’obligation éthique de fournir des soins à ceux et à celles nécessitent une aide médicale.

« Si nous exprimons notre reconnaissance à ceux et celles qui travaillent en première ligne pour leur engagement à prendre soin des patients, affirme Mme Markwell, cet engagement doit cependant être accompagné de réponses réciproques de la part des établissements et des gouvernements afin de garantir la disponibilité de l’équipement de protection individuelle (EPI). »

La pénurie d’EPI – masques, gants, blouses et visières – crée des conditions de travail dangereuses pour les professionnels de la santé. Les hôpitaux et les instances dirigeantes ont la responsabilité éthique de garantir des conditions de sécurité optimales pour les personnes qui travaillent auprès de patients atteints de la COVID-19.

La création de protocoles de triage est un autre exemple de la nécessité d’orientations éthiques. Ces protocoles, qui ne devraient être utilisés qu’en dernier recours, définissent les critères à suivre pour l’allocation de ressources limitées telles que les lits de soins intensifs et les respirateurs.

« Dans l’examen des lignes directrices en matière de triage, nous nous concentrons sur les principes éthiques de respect des patients en tant que personnes, de proportionnalité, de justice, d’impartialité, d’équité, d’utilité et de bien commun, explique Mme Markwell. Ces considérations éthiques contribuent à garantir que l’allocation de ressources limitées est déterminée par des critères cliniques et non par des facteurs sociaux tels que l’âge ou le handicap. »

Principes éthiques concernant les politiques relatives aux visites

Bien que la restriction des visites soit malheureusement un élément essentiel pour réduire la propagation de la COVID-19 au sein des établissements, il faut assurer un équilibre entre les restrictions et la protection du bien-être émotionnel des patients et de leurs proches.

« Nos discussions et nos recommandations concernant les limites imposées aux visiteurs sont fondées sur les principes éthiques de bienfaisance, de réciprocité, de transparence, de liberté individuelle et de bien commun, déclare Mme Markwell. Les politiques de restriction des visites devraient toujours tenir compte de la solitude et de l’isolement qui découlent souvent de l’impossibilité pour les patients de profiter de la présence physique de leurs proches au moment où ils en ont le plus besoin. L’accent est mis sur l’équilibre entre la nécessité de gérer la transmission de la maladie et l’adoption de politiques de visites les moins restrictives possible. »

Au-delà de la COVID-19

Tout comme nous avons pu tirer des leçons de notre expérience du SRAS, la pandémie de COVID-19 permettra également d’éclairer les réponses éthiques à apporter lors de futures épidémies.

« La COVID-19 nous a rappelé la fragilité de la vie humaine; elle nous a rappelé que nous dépendons les uns des autres, que nous devons veiller les uns sur les autres, affirme Mme Markwell. Nous avons vu que nous sommes prêts à changer notre mode de vie pour nous protéger et protéger les autres. Lorsque cette pandémie prendra fin, ces leçons se traduiront peut-être par une société plus juste et plus compatissante dans l’ensemble, une société dans laquelle nous nous souviendrons que nous sommes le plus véritablement humains lorsque nous prenons soin les uns des autres. »



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